De quoi s'agit-il ?
Je vous résume ici très succinctement ce drame. (Si vous êtes intéressés et souhaitez avoir plus de détails, vous trouverez en bas de page des liens utiles).
Au début des années 50, un barrage est construit sur le Reyran, une petite rivière de type torrentiel, pour assurer l'alimentation en eau des villes de Fréjus/St Raphaël. Il est inauguré en 1954.
Fin 1959, la région connaît un épisode de pluies torrentielles comme elle en connaît régulièrement. Pourtant celles-ci sont particulièrement abondantes et provoquent une crue très violente. Le niveau de la retenue derrière l'ouvrage, habituellement à une 10zaine de mètres sous la crête, monte très rapidement, 4 m en 24H. Il aurait été possible de soulager la pression de l'eau sur le barrage en ouvrant une vanne de vidange prévue à cet effet, mais cette solution ne fut pas retenue au prétexte que cela aurait causé des dommages au chantier de construction de l'autoroute de l'Estérel (aujourd'hui A8) qui se trouvait 1km en aval.
Devant la montée continue de l'eau qui a dépassé le niveau de sécurité et qui menace de passer par-dessus le fait de l'ouvrage, le 2 décembre à 18H la décision est prise d'ouvrir cette vanne...
Mais c'est trop tard.
L'effet de l'ouverture de la vanne, ridiculement sous-dimensionnée par rapport à l'ouvrage, ne suffit pas à soulager l'énorme pression sur la voute.
Le 2 décembre 1959, à 21H13, le barrage rompt…
Il libère 50 millions de mètres cubes d'eau qui créent une vague de 40 à 50 mètres de haut, 1km de large, qui déferle à 70 km/h dans la vallée, et se transformant en fleuve de boue, emporte tout sur son passage. Ce fleuve qui, 21mn plus tard, va engloutir les malheureux habitants de Fréjus prisonniers dans leur maison, sans aucune possibilité de s'échapper …
423 morts…
Les sauveteurs découvrent un paysage apocalyptique de blocs de béton, de ferrailles
tordues, d'arbres arrachés, de pans de murs des maisons éventrées qui rappelaient que des familles vivaient là. Des corps seront retrouvés des jours plus tard jusque sur les plages d'Hyères.
La plus grande catastrophe civile s'étant produite en France.
Cette catastrophe est essentiellement due à une chaine de défaillances humaines, liées à des décisions depuis la construction du barrage jusqu'à la gestion de la crue.
Et le pire est que la justice n'ayant reproché aucune faute professionnelle aux constructeurs, leurs responsabilités personnelles, tant pénale que civile, ne fut pas retenue, le cas de force majeur non plus. Résultat, En l'absence de responsable, les assureurs des constructeurs n’ont dû verser aucune indemnité aux victimes. La charge financière des dommages publics a été assumée par l’État et le département et celle des victimes, essentiellement par la générosité publique.
Profitant d'un passage dans la région, je décide d'aller voir le site.
Il y un bon kilomètre à parcourir sur un chemin chaotique et rocailleux pour accéder au pied de ce qui reste du barrage et en ce mois de juillet, il règne une chaleur écrasante qui ne facilite pas la progression.
A mesure que l'on approche, on découvre des restes de ferrailles tordues, des blocs énormes de béton, des restes d'habitations.
Au pied de ce qui reste de l'ouvrage, il règne ici une étrange atmosphère. Pas un bruit, même pas un chant d'oiseau comme si ce lieu inspirait encore l'effroi. Et c'est un peu le cas… En levant la tête, je revois le barrage qui explose littéralement, libérant la vague gigantesque.
J'imagine les familles en train de dîner autour de la table familiale ou tranquillement installées au salon.Le père lit son journal tandis que la mère fait la vaisselle en surveillant les enfants du coin de l'oeil ; demain c'est jeudi, il n'y a pas école, alors ce soir on peut traîner un peu avant d'aller au lit. Tous lèvent la tête, s'interrogent du regard en tendant l'oreille. Mais quel est ce roulement sourd qui monte au loin ? Que se passe-t-il ? On se regarde vaguement inquiet. On repense avec effroi aux raids des bombardiers de la guerre que tous ont encore en mémoire.Le grondement s'amplifie, il approche de plus en plus puissant. Cette fois, tout le monde comprend qu'il se passe quelque chose d'indicible, que dans la vallée, du fond de la nuit, un être monstrueux roule vers eux. La peur envahit les maisons. Tous se précipitent qui vers les fenêtres, qui dehors, pour essayer de percer la nuit. Le bruit est infernal, peut-être certains auront le temps d'apercevoir la montagne d'eau et de boue qui est sur eux et qui va les engloutir, mais ils n'auront probablement pas le temps de comprendre ce qui se passe avant d'être balayés par la vague scélérate comme des fétus de paille.
Jeudi 3 décembre 1959, la France se réveille et apprend la catastrophe. Le traumatisme est énorme, et avant que les inévitables polémiques surgissent, le pays entame un long deuil. Désormais,et pour très longtemps, plus un français ne peut approcher un barrage sans que dans son esprit résonne ce nom : Malpasset...
Le site de Malpasset aujourd’hui...
Malpasset, le lendemain (photos d'époque)...
Mais hélas, Malpasset n'est pas un cas isolé en Europe. D'autres catastrophes ont endeuillé le siècle...Ruptures de barrages en Europe..
Si votre curiosité a été éveillé et que vous souhaitez en savoir plus, je vous ai sélectionné quelques sites intéressants, (Liste non exhaustive)...Pour en savoir plus...
Bonne lecture...